Des alternatives

L’exploitation de l’uranium à Faléa au Mali : l’ASFA21 s’y oppose et propose des alternatives contre un minerai hautement toxique et très dangereux pour la santé et l’environnement.

Pour le secrétaire à la communication de l’ASFA21 (Action Solidarité Faléa21),  Faléa est une zone que des spécialistes de l’environnement au Mali considèrent comme une réserve de l’humanité. C’est pourquoi, du point de vue de Nouhoum Kéita, il est extrêmement important de préserver cette réserve riche en biodiversité.

Situé à plus de 500 km à l’ouest de Bamako, dans le Cercle de Keniéba (Région de Kayes), frontière avec la Guinée Conakry, Faléa est une zone qui renferme des espèces animales et halieutiques importantes, une faune impressionnante, une flore extrêmement dense. Exploiter une ressource comme l’uranium dans cette région va complètement détruire son écosystème, tout le capital écologique dont elle dispose estime M. Kéita qui pense qu’il est avantageux pour le Mali de préserver cette zone plutôt que de la soumettre à une rude épreuve comme celle relative à une activité d’exploitation de l’uranium.

L’’ASFA2, aux dires de son secrétaire à la communication, a beaucoup plaidé afin d’amener l’Etat malien à abandonner son projet d’exploitation dudit minerai qui ne causera que du tort aux populations de Faléa. Aussi, à en croire Nouhoum Kéita, le Mali ne dispose pas encore de ressources humaines qualifiées dans le domaine de l’exploitation de l’uranium. Cela fausse complètement tout espoir relatif à une éventuelle garantie en termes de santé, de protection de l’environnement au niveau de la Commune de Faléa. Autre argumentaire développé par l’’ASFA2 : la société canadienne Rockgate censée exploiter l’uranium, ne dispose d’aucune compétence, ni expérience, ni capacité financière dans le domaine de l’exploitation de l’uranium. C’est une société junior qui agirait au compte d’une autre société capable d’assurer l’exploitation du minerai.

Une fois qu’elle aura terminé avec les études d’impact environnemental et social (EIES), et obtenu le permis d’exploitation, elle pourrait vendre ses actions à travers un montage juridique extrêmement huilé. Une raison qui doit amener les autorités du Mali, selon M. Kéita, à ne pas accepter l’exploitation.

Un projet dont l’Etat ne dispose pas pleinement de toutes les garanties concernant la minimisation des impacts de l’exploitation d’une ressource n’est pas nécessaire. Il y a des expériences concrètes, soutient l’’ASFA2. D’abord, tout proche du Mali, au Niger, un pays qui est dans l’exploitation de l’uranium il y a plus de 40 ans. Au contraire, le Niger, en ce qui concerne son indice de développement humain (IDH) figure parmi les pays les plus pauvres du monde.

C’est la raison pour laquelle, nous indique M. Kéita, son association a comme objectif de convaincre les autorités de la nécessité de développer d’autres alternatives. C’est un minerai dont la nécessité d’exploitation ne s’impose pas présentement.

« Quand on fait allusion aux conséquences que l’exploitation du minerai a causé ailleurs, nous pensons que cela mérite que les autorités prennent en compte les arguments que nous développons » estime M. Kéita.
Parlant des alternatives proposées par l’ASFA2, il y en a plusieurs. Certaines d’entre elles font l’objet de vibrants plaidoyers auprès des partenaires financiers. Faléa étant une zone aurifère par excellence, l’exploitation artisanale de l’or y occupe une place de choix. Cet orpaillage occasionne, selon l’ASFA21, des conséquences extrêmement dangereuses pour la santé de la population, sur son environnement avec l’utilisation notamment de produits dangereux comme le mercure. C’est pourquoi, parmi les alternatives figure la mise en place d’un projet d’orpaillage artisanal écologique. Il consistera à extraire le minerai avec un concentrateur à spirales, une méthode sans utilisation de produits chimiques. Une technique que l’ASFA2 entend vulgariser au niveau des communautés de Faléa.

Il y a aussi un projet pilote de développement de la filière bambou. Le site de Faléa, faut-il le rappeler, est dotée d’un énorme potentiel de bambou. Avec le bambou, l’’ASFA21 propose de développer une filière extrêmement porteuse axée sur la formation, la transformation, la construction et la commercialisation. La mise en place d’une coopérative d’approvisionnement des marchés locaux et régionaux sera une nécessité. Cela permettra une valeur ajoutée au niveau des acteurs villageois afin de protéger cette production locale contre le marché international.

Il y a en outre beaucoup d’autres projets, comme, par exemple : la transformation des mangues et des oranges, appuyer et développer l’écotourisme, soutenir des projets de transformation du karité, développer l’artisanat local.

« Pourquoi nous multiplions ces alternatives ? Parce qu’elles présentent plusieurs avantages. D’abord, elles peuvent offrir de l’emploi à un plus grand nombre d’habitants de cette commune et, du coup, peut augmenter les revenus. Egalement, elles peuvent maintenir la valeur ajoutée au sein de l’économie locale et par conséquent améliorer les conditions de vie des communautés résidentes. Aussi, elles permettront d’assurer une formation professionnelle de qualité, le renforcement de capacités techniques des acteurs du développement local et garantir une chance d’appropriation et de pérennisation des projets viables » a ajouté M. Kéita.

 

Siaka Z. Traoré