A propos Amara keita

Journaliste et membre de l'ONG Asfa 21

Commune Rurale de Faléa Persistance de la crise de gouvernance au sein du Conseil Communal

Ira-t-on vers une dissolution du Conseil Communal de Faléa ? Au regard de la persistance de la crise de gouvernance dans cette Commune du Cercle de Keniéba, cette éventualité apparait comme absolument logique.
Au cœur de cette crise, l’affrontement permanent de deux camps qui avaient pourtant rangé leurs armes suite à la médiation en 2017 de l’ONG ASFA 21, un acteur clé qui intervient depuis plus d’une quinzaine d’années dans le développement de cette Collectivité Territoriale de 20.000 Habitants.
L’origine de cette crise remonte aux élections communales du 20 novembre 2016 à l’issue desquelles une majorité entre deux principaux camps qui se disputaient le contrôle de la mairie ne s’est pas dégagée : Le camp du RPM (Rassemblement pour le Mali) conduit par Mamadou Keita dit Kéké et comprenant en outre la CODEM et le PVRM-Faso Ko et celui de l’URD conduit par le Maire sortant Mallé Camara et comprenant SADI, ADEMA, APR. Les deux principaux adversaires et tête de liste ayant obtenu le même nombre de voix et de sièges, c’est l’aîné, Mamadou Keita du RPM, conformément aux dispositions de la Loi, qui a été proclamé élu maire de la Commune Rurale de Faléa.
L’autre camp adopta une stratégie d’alliance au moment de la mise en place du Conseil Communal qui s’avéra payante : les places de 1er, 2ème et 3ème adjoint du Maire sont revenues respectivement à l’URD et SADI. Ce jeu d’alliance a fortement réduit les capacités de manœuvre du nouveau maire qui s’est senti isolé. Au lieu de jouer le principe de la collégialité et de la concertation pour assoir son autorité, il s’est mis dans une situation de défiance, marquant de la manière la plus maladroite et anti-démocratique son autorité et sa défiance vis-à-vis du Bureau Communal. Dans la foulée il a pris des mesures conservatoires: le retrait des cachets des trois adjoints qui seront par la suite court-cuités dans ses prises de décision ; le licenciement du Régisseur de la Commune, Moussa Monékata soupçonné d’être en collusion avec le Maire sortant et de jouer un rôle clé dans le dispositif de contrôle et de captation des ressources financières de la Commune ; le licenciement de l’agent chargé de l’Etat civil, Mady Samoura (qui sera repris quelques semaines plus tard suite à des médiations) ; la nomination d’un nouveau Régisseur à la Mairie de Faléa au nom de Aladji Keita chargé du recouvrement et du versement des recettes ;
Ces mesures ont été mal accueillies par le camp du maire sortant qui l’accuse de prendre des décisions illégales et arbitraires en dehors du Conseil Communal. Bien plus, ils l’accusent d’avoir relevé arbitrairement le Régisseur Moussa Monékata sans un débat préalable du Conseil Communal.
Des divergences entre les deux camps sont apparues également concernant de la perception des taxes et impôts au niveau des populations de la Commune Rurale de Faléa. S’y ajoutent les autorisations qui auraient été délivrées indûment par le maire aux exploitants de bois et qui ont occasionné la saisine par ses adversaires, de l’autorité de tutelle à Keniéba le chef-lieu de Cercle. Ces derniers ont également accusé un proche du maire, Amadou Almamy Keita d’utiliser frauduleusement et illégalement un cachet de l’ARACF (Association des Ressortissants et Amis de la Commune de Faléa) pour délivrer, en complicité avec le nouveau régisseur Aladji Keita des autorisations d’exploitation du charbon de bois.

Pour sa part, le maire réfute en bloc ces accusations et reproche à l’autre camp son absence aux réunions convoquées par lui (à l’exception notable du 3ème adjoint Amadou Diallo). Il évoquera non sans amertume les nombreuses plaintes formulées à son encontre auprès de la Justice par le camp adversaire.
Devant l’ampleur du conflit et après avoir vainement tenté de concilier les deux tendances, le Préfet du Cercle Mahamane Alfousseyni Maiga en informe le Directeur Exécutif de ASFA 21 Nouhoum Keita avec lequel il a eu un long échange téléphonique. Il a souhaité une forte implication de l’ONG pour trouver un dénouement rapide. Une autre sollicitation est venue du Programme d’Appui à la Gestion des Industries Extractives (PAGIE-GIZ de la Coopération Allemande) partenaire de ASFA 21. Son chargé de la Gouvernance locale Bréma Berthé s’était rendu à Faléa et avait constaté un dysfonctionnement au sein de l’équipe communale préjudiciable à la mise en œuvre de nombreux projets pilotés par ASFA 21.
C’est dans ce contexte que le 20 juillet 2017, ASFA 21, en compagnie du Conseiller PAGIE Tidiane Diakité et du Chargé de la gouvernance locale Brema Berthé a engagé une mission de bons offices à Faléa conduite par Diatrou Diakité chargé de la gouvernance des ressources minières et naturelles et comprenant également le Directeur Exécutif de ASFA 21 Nouhoum Keita ainsi que le Directeur Administratif et Financier feu Mamadou Diallo. Au préalable, elle a eu des rencontres très instructives à Keniéba auprès du Préfet et des élus.
Après quatre jour d’intenses négociations menées par ASFA 21, les deux camps se sont engagés à se réconcilier sur la base, entre autres,  du respect des principes de bonne gestion administrative, du respect des lois et des règles de la bonne gouvernance, de la transparence, de la collégialité, du respect mutuel, de la confiance réciproque à cultiver et à entretenir. Ils se sont engagés à surseoir à toutes les poursuites judiciaires engagées les uns contre les autres et à privilégier la solution politique. A cet effet, le Juge de Paix du Cercle de Keniéba auprès duquel les partisans de Mallé Camara avaient porté plainte contre le Maire pour abus d’autorité (les décisions prises sans une délibération du Conseil Communal) a renvoyé les deux parties à un exercice de dialogue et de négociation pour trouver une solution amiable.
Egalement, le Tribunal de Kita devant statuer sur la plainte du Régisseur Moussa Monékata contre le Maire Mamadou Keita pour licenciement abusif a demandé aux deux parties le dialogue et de négocier pour trouver un arrangement entre elles. Aussi, l’association des Maires du Cercle de Keniéba dirigée par Bamba Keita s’est impliquée en envoyant une mission de bons offices à Faléa. Une rencontre à Keniéba entre les directions locales de tous les partis politiques siégeant au Conseil Communal de Faléa (RPM, URD, SADI, APR, ADEMA, CODEM) pour renforcer la réconciliation et définir la stratégie de leur contribution commune à la promotion de l’entente et de la cohésion au sein du Conseil Communal de Faléa a été envisagée.
Malheureusement, après quelques mois de répit, le bras de fer entre les deux camps a repris de plus belle faisant voler en éclat le mince espoir de compromis arraché par ASFA 21. Pendant sept années, les principaux protagonistes se sont livrés à une guerre de tranchée qui a totalement anéanti toute possibilité de décollage de la Commune qui fait face à une entreprise de prédation massive, systématique et meurtrière de ses ressources minières et naturelles par des opérateurs privés chinois, nationaux et de la région sur fond de corruption à grande échelle. Cette situation tragique engendre la destruction des bases de vie des populations de la Commune privées des services sociaux, réduites à la misère et à la merci de réseaux mafieux locaux qui s’enrichissent impunément.

Ce dysfonctionnement du Conseil Communal suscite colère et indignation des populations qui ne savent plus où donner de la tête, mais également des acteurs citoyens et du développement comme ASFA 21 qui craignent de voir leurs efforts et leurs investissements réduits à néant. Sa dissolution par les autorités nationales sera une véritable délivrance.
Amara Nouhoum Keita

Commune Rurale de Faléa La fin d’un cauchemar ?

Enfin, la longue bataille de ASFA 21, des élus, des populations de la Commune Rurale de Faléa et du Cercle de Keniéba  engagée en 2021 a payé. Le Bac automoteur de franchissement de la Falémé est en voie d’être remis à l’eau.
Depuis fin décembre 2021, il avait coulé dans le lit du fleuve entravant du coup l’accès au territoire communal ainsi que les activités de circulation, d’échange et de référence/évacuation sanitaire vers le centre de santé de référence de Keniéba ou d’autres établissements de prise en charge sanitaire à plus haut plateau technique.
L’accident est survenu au cours d’une opération de transfert d’une plate-forme transportant un bulldozer de la société minière I AM Gold  basée à Brekegny (non loin du village de Siribaya). En effet, les capacités du bac d’une vingtaine de tonnes ne permettaient pas de faire traverser l’imposante mastodonte. Malgré les manœuvres du conducteur pour ajuster la charge et tenir l’équilibre, le bac a coulé à pic dans le fleuve et est resté plusieurs semaines sans en être extrait.  
Sitôt informée de la nouvelle, l’ONG ASFA 21, sur les instructions de son Président le Professeur Many Camara, s’est mobilisée à travers l’envoi d’une mission de terrain à Faléa et à Keniéba conduite par le Directeur Exécutif Nouhoum Keita. La mission a eu un échange avec le maire-adjoint de Faléa Mallé Camara, puis avec le Maire de la Commune Rurale de Keniéba Moussa Camara et la Présidente du Conseil de Cercle Mme Bagagha Fatimata Camara. La mission a été informée des actions menées par la Présidente du Conseil de Cercle ainsi que le Maire de Keniéba auprès de la société B2Gold qu’ils  avaient sollicité afin de tirer le bac hors de l’eau et procéder à sa réparation. Malgré ces efforts immenses et coordonnés des élus et de ASFA 21, la réaction des autorités n’avait pas permis d’avoir des résultats immédiats même si elles avaient dépêché une mission d’évaluation de la Société INACOM. 
Devant cette situation, ASFA 21 à travers un courrier officiel a saisi le Ministre de l’Equipement et des Transports et procédé à une large campagne d’information et de mobilisation de l’opinion publique. Sans doute, malgré la lenteur de la réaction, les autorités ont pris les taureaux par les cornes.
Il faut souligner que cette action salvatrice de l’ONG ASFA 21 a été fortement appuyée par les élus du Cercle et de la Commune Rurale de Faléa à travers des missions de plaidoyer à Bamako auprès des autorités administratives et politiques, des élus et des décideurs politiques et institutionnels. Cette action rappelle la longue bataille qu’elle avait menée il y’a cinq années auparavant. En effet,  en vue de réaliser le désenclavement de certaines localités et parties de notre pays, le Gouvernement de la République du Mali (sous le régime du Président Amadou Toumani Touré) a engagé un programme d’équipement en bacs de franchissement de cours d’eau.
C’est ainsi qu’à l’issue de la session ordinaire du conseil des ministres tenue le mercredi 2 mars 2005, il a approuvé la construction de trois (3) bacs automoteurs dont un (1) bac de 40 tonnes pour la ville de Koulikoro et deux (2) bacs de 20 tonnes chacun destinés aux localités de Diafarabé dans le cercle de Teninkou et Faléa dans le cercle de Keniéba. Le marché fut attribué,  par entente directe, à la Société INACOM-Mali pour un montant de 1 milliards 63 millions de FCFA environ et un délai d’exécution de dix mois.
Fort malheureusement pour les populations de la commune rurale de Faléa et du cercle de Keniéba, depuis son adjudication  en 2005 à la Société INACOM-Mali, le délai de livraison du bac automoteur n’a jamais été respecté. Le bac de franchissement était immobilisé dans la Cour du Service des Travaux Publics du chef-lieu du Cercle de Keniéba depuis plusieurs années.
La raison évoquée pour justifier l’immobilisation du Bac était l’absence de budget pour l’aménagement de la voie d’accès et du quai d’accostage. Il faut préciser que l’aménagement  comportait la construction de dalots, l’adoucissement des pentes élevées, l’ouverture de chaussées, la construction de radiers car l’état de la route Keniéba -Fadougou était extrêmement dégradé avec notamment des nids de poules, des ravinements, des grands lits d’écoulement d’eaux pluviales, des bourbiers, des têtes de chat.
Devant cette situation déplorable, les ressortissants de la Commune Rurale de Faléa sous le leadership du Professeur Many Camara et le Maire de la Commune Rurale de Faléa Mallé Camara ont adressé des courriers à plusieurs hautes autorités compétentes du Mali (Ministre de l’Equipement et des Transports, Ministre des Finances, Ministre de l’Administration Territoriale et Premier Ministre) pour attirer leur attention sur ce retard incompréhensible et inacceptable pour les populations des 21 villages de la Commune Rurale de Faléa, collectivité territoriale la plus isolée de notre pays, coupée du reste du territoire national, tous les ans, durant la saison des pluies (huit mois, en cette zone soudano-guinéenne), par la crue du fleuve Falémé. ASFA 21  et l’ensemble des acteurs du développement local de la Commune Rurale de Faléa ont regretté le fait que, depuis 2005, la Direction Nationale des Routes n’ait pas tenu régulièrement au courant de l’évolution du dossier la municipalité, les populations Faléa et l’opinion nationale, car l’une des tâches premières et fondamentales des pouvoirs publics consiste dans l’information permanente et complète, par toutes les voies appropriées, des usagers des services publics et de tous les autres citoyens. Ensuite, ASFA 21 a noté que la  recommandation d’inscription au Budget Spécial d’ Investissement  2014 de l’aménagement de la voie d’accès  aurait dû être faite par le Ministère de l’Equipement et des Transports au Gouvernement Malien depuis 2006 pour répondre aux préoccupations des populations et aux priorités du développement local de la commune la plus enclavée de notre pays.
Suite à la forte pression de ASFA 21 et les incessantes interpellations du Cabinet du Ministre de l’Equipement et des Transports, la Direction Nationales des Routes  a recommandé l’inscription des Travaux d’aménagement de la voie d’accès et du quai dans le Budget Spécial d’Investissement 2014. Mais curieusement elle a renoncé par la suite à cette option.
Sur insistance pressante de ASFA 21, une mission nationale de la Direction Nationale des Routes a fait un nouveau devis au cours de l’année 2014, montant encore très élevé de 414.549.375 FCFA qui comprend l’achèvement des travaux pour la mise à l’eau et en service du bac d’une part, et d’autre part, le budget global pour la réalisation de l’ensemble des travaux y compris la réfection du tronçon de la RN2 jusqu’à la frontière avec la Guinée. Par la suite, cette somme a été revue à la baisse soit 306.574.000FCFA. Il faut noter que toutes ces discussions entre ASFA 21, le Département des Transports et des Travaux publics, la Commission  des Transports et des Travaux Publics de l’Assemblée Nationale ont eu lieu au mois de Mai, c’est-à-dire à l’approche de la saison des pluies, donc face à une crue imminente du fleuve Falémé. Le Ministre des Transports et des Travaux Publics de l’époque Hachim Koumaré nouvellement nommé a alors fait mobiliser la Cellule d’exécution des travaux d’urgence (CETRU) de son département afin d’éviter une suspension des travaux de réfection de la RN2 depuis la Falémé jusqu’à la frontière Mali-Guinée et passant par Faléa, chef-lieu de la Commune. C’est ainsi que tous les travaux (montage du bac, aménagement de la voie d’accès au fleuve et du quai-bac, rénovation du tronçon de la route nationale menant à la frontière Mali-Guinée) furent réalisés à temps.
Il faut noter que la bonne écoute obtenue par la délégation de ASFA 21 et des populations de la Commune Rurale de Faléa auprès des élus de la Commission de l’Habitat, des Transports et des Travaux publics de l’Assemblée Nationale du Mali (le mardi 15 avril 2014), l’implication personnelle et l’engagement constant du Chef de la Subdivision des Routes de Keniéba Mme Aiché Fofana, de celui du Vice-Président du Conseil de Cercle Cheick Oumar Camara, la grande disponibilité du Ministre Hachim Koumaré qui a fait un suivi régulier des travaux, ont permis de faire aboutir en 2015 ce projet vital pour les populations de la Commune Rurale de Faléa et du Cercle de Keniéba qui ont unanimement salué sa mise en l’eau.
L’annonce de sa réparation imminente après trois années de calvaire pour les populations, constitue incontestablement une victoire pour ASFA 21, les acteurs citoyens de la Commune Rurale de Faléa et du Cercle de Keniéba, mais aussi de tous les élus qui ont œuvré sans relâche pour faire aboutir cette demande légitime et vitale.  
Amara Nouhoum Keita

La reprise de l’animation du site


Chers amis,
Après de longues années de silence, nous avons l’immense joie de vous informer que nous avons décidé de reprendre l’animation du site pour vous permettre d’être mieux informés sur nos luttes présentes et futures, mais aussi sur le contexte de ces luttes et les dynamiques sociales et politiques qui lui servent de support.
Nous tenons d’abord à vous remercier pour vos soutiens multiformes qui nous ont permis d’engager cette longue bataille contre le projet d’ouverture d’une mine d’uranium dans la Commune Rurale de Faléa. Cette bataille a permis d’ajourner le projet d’ouverture d’une mine d’uranium, d’élargir la base de notre action et d’obtenir le soutien de nombreuses organisations de coopération intervenant au Mali.
L’amélioration des impacts positifs qui a été obtenu sur le terrain suite à ces appuis (prise de conscience accrue et mobilisation grandissante des élus communaux, des associations et des populations locales) a assuré la crédibilité de l’intervention de notre organisation, sa légitimité institutionnelle aux yeux des autorités administratives et politiques maliennes et d’autres institutions de coopération au développement du Mali. Pour preuve, tout au long de ces années, de nouveaux partenariats se sont noués avec des acteurs institutionnels d’appui au développement aussi importants que la Fondation Gabriel Péri (France), Helvetas Swiss Intercooperation Mali, Fondation Rosa Luxemburg, Programme d’Appui aux Industries Extractives (PAGIE) de la coopération allemande au Mali.
Grâce aux soutiens de nos partenaires articulés à une vision structurée et une approche globale des questions de développement locale de ASFA 21, une vraie dynamique qui vise à garantir une gestion des ressources naturelles, agropastorales et minières à la fois transparente, équitable, soutenable sur le plan écologique et respectueuse du patrimoine multiculturel des communautés résidentes, susceptible d’améliorer le niveau de vie des populations locales y est effectivement enclenchée et la mise en synergie des appuis de ces différents partenaires permettront, sans aucun doute, d’atteindre plus rapidement les objectifs visés par notre projet.
Malheureusement, depuis une dizaine d’années, cette dynamique est fortement entravée par la grave crise politique, institutionnelle, sécuritaire, territoriale, économique et sociale qui sévit au Mali. Cette crise ( avec notamment la recrudescence du terrorisme) a gravement affecté les conditions de vie des femmes et des enfants, qui sont les catégories sociales les plus vulnérables, avec notamment des pertes en vies humaines, des déplacements forcés des populations à l’intérieur et à l’extérieur du pays, la destruction du système éducatif, des structures sanitaires et des bases de l’alimentation, l’instabilité sociale et même, dans certains cas, la déstructuration ou la désagrégation complète de milliers de familles.
Comme si cela ne suffit pas, le Mali, à l’instar de nombreux pays du Sahel, est confronté aux conséquences des inondations meurtrières. L’ampleur de ces inondations (des dizaines de morts et des milliers de maisons effondrées dans 17 des 19 Régions administratives du pays) est telle que le gouvernement à décrété l’état de catastrophe nationale afin de mobiliser la solidarité nationale et internationale pour venir en aide aux sinistrés.
Une évaluation conjointe entre l’Etat du Mali et la communauté internationale notamment l’organisme de Coordination des Affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a établi qu’en 2024, il faut 701,6 millions de dollars pour répondre aux besoins humanitaires urgents du Mali. Au total, plus de 4 millions de personnes sont concernées par le plan de réponse humanitaire. Le secteur de la sécurité alimentaire à lui seul nécessite plus de 222 millions de dollar pour sauver près de 2 millions de personnes menacées de famine. En 2023, les acteurs humanitaires ont mobilisé très peu de ressources, (228 millions de dollars) soit à peine 30% de la somme recherchée ! Néanmoins, près de 2, 8 millions de personnes ont été assistées.
Par ailleurs, depuis 2023, les ONG évoluent dans un contexte de tension entre le Mali et la France se traduisant par l’expulsion de l’Ambassadeur de France au Mali, la dénonciation des accords de défense entre le Mali et la France, avec comme conséquence immédiate, le départ de la Force Barkhane et le dépôt d’une plainte contre la France au Conseil de Sécurité, accusée par le Mali de «soutien au terrorisme», l’interdiction «avec effet immédiat», de toutes les activités menées sur le sol malien par des ONG/Fondations ou Associations opérant sur financement ou avec l’appui matériel ou technique de la France, y compris dans l’humanitaire. En outre, une décision officielle de l’Etat relative aux dispositifs communs de coordination, de suivi et de contrôle des activités des associations et Fondations sur le territoire du Mali a été prise et adressée aux associations et ONG afin de s’y conformer.
L’ensemble de ces actes posés est une riposte du gouvernement malien suite à l’annonce, le 16 novembre 2022 par la France, de la suspension de son aide publique au développement au Mali, à l’exception de l’aide d’urgence et l’action humanitaire, estimant que les conditions n’étaient plus réunies pour la poursuite des projets.
Dans ce contexte difficile, ASFA 21 est confrontée à la problématique de son autonomie d’action et de son indépendance stratégique. Et depuis presque une année, elle ne bénéficie plus de l’appui de ses partenaires financiers qui sont en fin de programme ou confrontés à des difficultés financières. C’est pourquoi, elle a entrepris via son Directeur Exécutif, avec l’appui de ses partenaires européens, notamment le Forum Civique Européen, Afrique-Europe-Interact (AIE), une tournée de prise de contact en Europe auprès de Fondations ou institutions d’aide et de Coopération afin de solliciter leur appui.
La réactivation du site ASFA 21 vise à rendre visible ses actions, remobiliser nos nombreux soutiens en Europe ainsi que nos futurs partenaires institutionnels, renforcer dans la transparence, la démocratie locale, faire émerger le contrôle citoyen et la rédevabilité dans la gestion des ressources locales dans la Commune Rurale de Faléa et dans le Cercle de Keniéba, infléchir les politiques publiques nationales en les orientant vers une finalité de développement économique et social réel.
Il s’agira également de renforcer le dialogue entre les acteurs citoyens maliens et européens dans les domaines aussi vitaux comme l’immigration, la crise sécuritaire au Sahel, la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière, les questions de gouvernance démocratique, les énergies renouvelables etc…
Bienvenue sur le site de ASFA 21 !

Village de Faléa

Commune rurale de Faléa : difficile accès des populations aux services sociaux de base

La Commune  rurale  de Faléa située à 88 Km de Kéniéba dans la   Région de Kayes souffre d’un dysfonctionnement alarmant de ses services sociaux de base. Bien que réputée pour son  immensité de ses ressources naturelles telles que l’or, la bauxite, l’argent, le cuivre, l’uranium, la  faune  et la  flore  abondantes, une variété d’espèces halieutiques en quantité importante, des terres fertiles, etc) ainsi que son patrimoine culturel  très riche et varié, la commune rurale de Faléa n’est que lombre d’elle-même. Elle est confrontée à un véritable problème de développement.

En effet, de 2010 à 2014 avec l’appui et l’accompagnement de lONG malienne  ASFa21  (action  solidarité  pour  les  21 villages de la commune de Faléa), les habitants de cette collectivité territoriale et leurs autorités coutumières, politiques  et  administratives  ont  lutté  contre  la mise en place par  des  sociétés  minières  multinationales  d’un projet d’extraction de l’uranium qui aurait eu des conséquences  néfastes  sur les activités économiques et sociales, sur  la santé  humaine et animale ; bref  hypothéquer même l’avenir  de la population.
Parallèlement, des efforts ont été vigoureusement déployés pour désenclaver  la commune  et alléger de façon significative le  problème d’accès des populations locales aux soins de santé. C’est ainsi que  grâce aux  démarches  et au plaidoyer de  l’ONG  ASFa 21  auprès  des  élus  de la Nation et  des  décideurs  politiques  nationaux, en mai 2014,  un budget  global de 414.549. 375 Fcfa  a été débloqué  par l’État malien pour  réaliser  l’assemblage  des  composantes  dun  bac  automoteur  de 20 tonnes qui était en souffrance depuis 2005 dans l’enceinte de la subdivision des routes de Kéniéba. Également cela a permis d’ aménager  la voie d’accès et le quai-bac  à  Fékola  et  réhabiliter le tronçon de la route  nationale n°2 allant de  cette  localité  à  la frontière Mali-République de  Guinée en  passant par  le  village  central  Faléa.
En outre,  avec   le concours financier de ses partenaires européens, l’ONG d’appui au développement local de la commune a pu acquérir et doter le centre de santé communautaire de Faléa d’un véhicule pour assurer  un service  d’évacuation  des cas des  malades  graves  vers le CSREF   de Kéniéba.  Afin de  faciliter  davantage  l’accès  aux  structures de santé pour les malades et les femmes enceintes et diminuer la mortalité infantile, ASFA21 avait mis en place un service de transport local par tricycle motorisé  pour permettre à ceux qui habitent dans les villages et hameaux situés loin de la route nationale n°2  de bénéficier eux aussi des services du CESCOM de Faléa.
Ces différentes actions avaient beaucoup soulagé les souffrances des populations nécessiteuses et contribué à atténuer les difficultés dans l’ensemble de la commune. Car auparavant,  la commune de Faléa, constituée  des 21 villages et d’une cinquantaine de hameaux pour  une superficie  d’environ 400 km2 avec  une population de plus de 17000 habitants, était dans un état d’ enclavement. Cet état d’ enclavement existe toujours  avec  une   dégradation  de  la grande route nationale  pendant la saison des pluies.
Pire  en 2021,  suite à une énorme  faute de gestion technique (surcharge dune petite embarcation de 20 tonnes par un gros engin lourd de la société minière canadienne IAM GOLD,  le  bac  a été précipité au fond du fleuve. Toute chose qui a provoqué le retour du problème cauchemardesque  de son franchissement en période d’hivernage. C’est tout récemment que les autorités administratives et les services techniques ont procédé à sa récupération dans un état très dégradé et à sa réparation avant de le remettre en service.
Cependant, la commune rurale de Faléa  est confrontée aujourd’hui à des difficultés  liées à la  défaillance des autorités locales et, surtout, à un véritable dysfonctionnement des services sociaux de base. Les autorités locales  et administratives, notamment le maire et le sous-préfet brillent  parfois par  leur  absence  durant des  mois.
Sur le plan sanitaire, la seule ambulance du village est hors service actuellement  rendant  ainsi  l’accès aux soins  de santé  très difficiles des populations.  L’insuffisance  de  la couverture sanitaire de la commune est palpable. Il existe aujourdhui qu’un seul centre de santé communautaire et 4 à 5 dispensaires pour  42 villages et près des 50 hameaux  avec une population de  plus de 17000 habitants. À cela s’ajoute le sous-équipement des structures sanitaires  et la mauvaise qualité des matériels médicaux.  Dans le  CESCOM, il n’y a  qu’une seule table accouchement et qu’un seul lit à la maternité ; pas de machine d’échographie ; pas de laboratoire pour les analyses etc.
En outre, dans cette seule  structure  sanitaire  communautaire  centrale, il y a qu’un technicien supérieur de santé, une matrone non diplômée et un gérant du dépôt de médicaments  non qualifié. Pas de gynécologue, de pédiatre, de radiologiste  et de personnel de laboratoire pour les analyses simples. Le CESCOM de Faléa occupe la dernière place en matière de vaccination dans le cercle de Kéniéba, une situation qui perdure depuis trois ans. À toutes ces difficultés  s’ajoute aussi celle d’approvisionnement régulier  en médicaments.  Les ruptures  de stock des  médicaments  peuvent aller   de  plusieurs  semaines.
Concernant les infrastructures  scolaires, elles sont dans un état de délabrement d’insalubrité.
Lors d’un  échange  au mois de juillet dernier à Siby,  le maire de la commune de Faléa, Mamadou Keïta, a fait savoir la mairie  collecte annuellement 15 millions de Fcfa aux titres des impôts, taxes et redevances sur les activités économiques. 
Amara Nouhoum Keïta

Le fleuve Falémé pollué par l’orpaillage illégal

Le fleuve Falémé qui prend corps entre Tabako et Mankounké avant de poursuivre son chemin vers Moussala et Fékola traversant la frontière entre le Mali et le Sénégal avant de se jeter dans le fleuve
Sénégal en amont à quelques km de la
ville de Bakel, est menacé de disparition par l’orpaillage illégal.
Ce cours d’eau vital pour les communautés locales, une source de vie pour les populations
installées sur ses vives, est sévèrement affectée par les activités d’orpaillage. L’or au potentiel lucratif élevé attire de nombreux prospecteurs,
souvent au détriment des activités agricoles traditionnelles.
Considéré jadis comme activité complémentaire, l’orpaillage a connu un boom ces dernières années. Au Mali, au Sénégal et en Guinée, une course à la conquête des espaces d’exploitation est engagée entre les sociétés minières qui détiennent des permis délivrés par l’État et les orpailleurs artisanaux soutenus par les autorités traditionnelles.
Cette explosion de l’exploitation aurifère a bouleversé la vie des riverains et a engendré de graves pollutions environnementales, surtout au long du fleuve Falémé. La Falémé, l’affluent majeure du fleuve Sénégal long de 650km, lui apporte 25% de son eau. De Kayes à Kédougou en passant par Kéniéba,elle a pris une couleur rougeâtre. L’origine de cette pollution est associée à l’orpaillage.
Les jeunes séduits par l’appât de gains rapides abandonnent de plus en plus les travaux champêtres pour se lancer dans l’extraction aurifère. Cette situation entraîne une dégradation significative de l’environnement du fleuve Falémé. Les techniques d’orpaillage, souvent rudimentaires et non régulées, contribuent à la pollution des eaux et à la destruction des habitats naturels. D’où ce cri du cœur de cet habitant de la commune de Faléa, Seyni Facourou Camara,enseignant. Selon lui,l’extraction de l’or a fini par reléguer l’agriculture au second plan dans la zone de Faléa. «Autrefois, c’est la commune de Faléa qui ravitaillait le cercle de Kénieba en céréales, mais aujourd’hui, cela est devenu un triste souvenir. L’agriculture et d’ autres ont tous été abandonnés au détriment de l’extraction de l’or. Dans la zone, la chasse n’est plus possible, car le bruit émanant des machines qui exploitent l’or fait fuir les animaux sauvages. Ces dernières années, l’extraction de l’or a connu une grande expansion, mais les villageois ne bénéficient pas des revenus de la vente d’or. En plus, à cause de l’ignorance de la population, les Chinois viennent ici achètent des terres et par finir ils les détruisent avec des produits  qu’ils utilisent engendrant des impacts environnementaux. Ce comportement des Chinois semble ne pas attirer l’attention de la population, qui est intéressée plus par l’argent», nous confie Seyni Facourou Camara. En effet, le manque de contrôle et l’attirance de l’argent exacerbent la situation. Il est donc crucial pour l’Etat d’envisager des mesures et de promouvoir des alternatives économiques durables pour préserver à la fois le fleuve Falémé et les moyens de subsistance des communautés riveraines.
Diango COULIBALY et Amara Nouhoum
KEITA

État

Drame à Faraba: Fanta DANSOKO tuée ce vendredi sur un site d’orpaillage chinois abandonné.Un drame regrettable pour qui remet à la lumière l’ampleur de la pratique de l’orpaillage par les Chinois dans cette zone. Des mesures urgentes s’imposent de la part des autorités au niveau national pour bien cadrer et organiser ce secteur artisanal qui fait chaque jour des victimes. Fanta Foune DANSOGO a été cruellement abattue avec une balle dans la tête alors qu’elle cherchait de façon digne son pain quotidien. Combien d’autres épouses, mères, filles ont laissé leur vie sur les sites d’orpaillages en tentant de survivre, sans la moindre mesure de sécurité ? Le secteur de l’orpaillage reconnu légalement par les autorités du pays devrait plutôt être vu comme une activité économique, d’épanouissement et d’emploi qu’un champ de bataille. La présence des agents de sécurité privée sur les sites artisanaux pour préserver l’intérêt d’une minorité de citoyens constitue une menace et une imposition sur l’intérêt général des populations des zones aurifères. Le martyre Fanta Foune DANSOKO est mère de trois enfants. Que sa mort ne reste pas impunie.

dossier à suivre

Kenieba Média

La pollution du Falémé

La rivière Falémé, vecteur de pollution

25 juillet 2018  par Mamadou Togola

La rivière Falémé, principal affluent du »fleuve Sénégal , est de plus en plus polluée par l’orpaillage illégal. Face à la situation, les populations des 21 villages de la Commune Rurale de Faléa, regroupées au sein de l’association Action Solidarité Faléa (ASFA 21) ont commandité une étude scientifique pour mesurer l’ampleur de cette pollution de la Falémé et alerté l’opinion.

L’obstruction, l’envasement et la déviation des cours d’eau dus à l’érosion des berges, le drainage des boues des cracheurs et les rejets des dragues. L’utilisation des produits chimiques, des huiles de vidange, carburant et autres liquides pour le fonctionnement ou l’entretien des machines. La Falémé est «absolument» menacée par la pollution. L’Ingénieur des Eaux et Forêts, Guimba Diallo, est ferme là-dessus. Dans l’étude, commandée par l’association « Action Solidarité pour les 21 villages de Falèa (ASFA21) et publiée en mars 2018, sous le titre «Rapport d’étude sur les différentes sources de pollution de la Falémé et de ses affluents dans les communes de Dabia, Faléa, Faraba et Kéniéba (dans le Cercle de Kéniéba)», le consultant note que l’orpaillage et les produits chimiques sont les principales sources de pollution de la Falémé.

L’or à tout prix…

Dans le Cercle de Kéniéba, l’orpaillage constitue la principale source de revenu des populations. Depuis 2013, le phénomène s’est accentué par l’arrivée des orpailleurs étrangers avec des produits chimiques, hautement toxiques, dont le mercure et le cyanure. Par le mécanisme de l’extraction, les dagues en général et celles à godets en particulier rejettent d’énormes quantités de matériaux qui forment des monticules et des ilots dans le lit des cours d’eau. Pendant la saison sèche, tous les orpailleurs se tournent vers la Falémé. Pour mener l’étude, l’enquêteur a effectué des prélèvements à plusieurs endroits de la Falémé. Aussi des eaux de forages ont été prélevées dans des villages environnants notamment à Diaka, Trondolito, Faléa, Djoulafoundo et dans un puits à Diaby.

Les résultats sont inquiétants dans plusieurs localités: à Yalla, la coloration de l’eau atteint 90 200 Platino-cobalt (Pt-Co) alors que la norme au Mali est de 25 Pt-Co; dans la même localité, l’Alcalinité de l’eau est de 427,53 Mg/l alors qu’elle doit être inférieure à 150 Mg/l; à Mahinamine, la quantité de fer détectée dans l’eau est sept fois et demie supérieure à la normale.

«La présence de ces métaux dans notre organisme est très grave», Aly Thiam hydro-sédimentologue

Aujourd’hui, on estime à 600 dragues dans la seule commune de Kéniéba. Le Chef de service de l’Assainissement de la localité affirme avoir compté, une fois, 63 dragues sur une distance de 530 m. Ici, ce n’est les nuisances sonores qui inquiètent le plus les populations mais la pollution de l’eau. Faute de poissons, les pêcheurs ont tronqué leurs instruments contre les outils d’orpailleurs. Ils ne sont pas les seules victimes de cette pollution. Dans le village de Moussala, les maraîchers ont renoncé à l’utilisation de l’eau de la Falémé, rapporte le consultant.

L’arsenic, le cuivre, le fer, le plomb, le mercure, l’alcalin,… constituent, selon Aly Thiam, Chef de Section Sédimentologie du Laboratoire National des Eaux du Mali, des métaux lourds. «La présence de ces métaux dans notre organisme est très grave. Car, ces métaux sont capables de causer de graves problèmes de santé en interférant avec le fonctionnement biologique initial», s’inquiète l’hydro-sédimentologue. A fortes concentrations dans le corps, les métaux lourds remplacent ou substituent, explique-t-il, les minéraux essentiels; ils ont un effet antibiotique, ce qui augmente la résistance des bactéries; ils neutralisent aussi les acides aminés utilisés pour la détoxication et causent des allergies.

«La Falémé est un bien commun, il faut une solution commune et novatrice», Nouhoum Keita, directeur exécutif de l’ASFA21

Pour la protection des cours d’eau, le ministre malien des Mines a édicté une circulaire pour l’interdiction des dragues sur les cours d’eau. La mesure pourtant diffusée sur la télévision nationale et les radios de proximité est très peu suivie d’effets sur le terrain. Pour Nouhoum Keita, directeur exécutif de l’ASFA 21, ce n’est pas en interdisant aux orpailleurs maliens d’exercer que le problème sera durablement résolu. «La Falémé, indique-t-il, est un bien commun, il faut une solution commune et novatrice». Pour une réponse commune, le militant associatif évoque une collaboration avec une ONG sénégalaise, HYPERLINK « https://www.onglumiere.org/ »La Lumière. Aussi, Keita indique un partenariat avec la coopération allemande au Mali à travers le PAGIE/GIZ Mali pour l’insertion de nouvelles méthodes d’extraction artisanal de l’or au Mali sans utilisation de produits chimiques mais à l’aide de « concentrateurs à spirales ».

En plus de ses mesures, Guimba Diallo préconise des solutions locales. Pour le consultant, il faut: créer un cadre de concertation animé par un membre de la société civile et renforcer les capacités des acteurs locaux. Aussi, l’ingénieur des Eaux et Forêts conseille la création de centres de lavage des minerais. La fréquentation de ces centres, indique-t-il, permettra l’utilisation contrôlée des produits chimiques et une gestion plus rationnelle des eaux usées. Ces centres serviront également de lieux de diffusion de techniques d’extraction de l’or sans utiliser des produits chimiques.

Un texte de Mamadou Togola pour https://www.scidev.net/afrique-sub-saharienne/

Récit d’un stage de trois mois en Europe…

Par Keita Amara Nouhoum

En vue de renforcer leur partenariat, l’association ASFA 21 et le Forum Civique Européen ont signé une convention dans le domaine de la formation, afin de permettre à une nouvelle génération d’adhérents de ASFA 21, de compléter leurs connaissances pour contribuer à renforcer l’action de ASFA 21, ses impacts et pérenniser la coopération internationale.

En tant que jeune adhérent de l’association, j’ai manifesté le désir d’effectuer auprès du Forum Civique Européen, un séjour de découverte et de formation pratique de trois mois. Cela a permis de me rendre dans de nombreuses Coopératives en France, Allemagne et Suisse. J’ai beaucoup appris dans l’informatique surtout en travaillant avec des programmes libres comme Debian. J’ai découvert la différence entre les logiciels (programmes) propriétaires – il faut payer des licences à des multinationales comme Microsoft – et les logiciels ou programmes  libres.  Au lieu de me former sur des  logiciels comme Word de Microsoft j’ai pu découvrir LIBRE OFFICE. Une autre découverte dans le domaine de l’informatique a été le programme Thunderbird. Il permet d’envoyer des messages chiffrés et sécurisés à d’autres destinataires. Ceci peut empêcher ou rendre plus difficile  le contrôle par des appareils répressifs qui sont presque toujours au service des puissances d’argent qui veulent mettre le monde en coupe réglée. J’ai aussi acquis, à travers la lecture, une meilleure  compréhension comment la monnaie est devenue un instrument de domination grâce aux trois brochures  « La face cachée de la monnaie Numéro 1» Numéro 2, Numéro 3,  réalisées entre autre pas Hannes LAMMLER.

Le Forum Civique Européen (FCE) est un partenaire important pour l’association ASFA 21 et  la population de la Commune Rurale de Faléa qui a lutté avec succès contre l’ouverture de la premiere mine d’uranium du Mali . Le FCE contribue à la formation des jeunes  en proposant des options concrètes et originales aux jeunes afin qu’ils puissent prendre la relève dans un avenir proche.

Mon séjour en Europe m’a aussi permis de découvrir les Coopératives Européennes de LONGOMAI.  J’ai pu profiter de leurs expériences et découvrir de nouvelles réalités. J’ai beaucoup appris durant mon séjour. L’esprit associatif, le travail collectif, l’engagement militant sont très importants dans ces Coopératives . C’est une forme de résistance qui m’a inspiré.

Je me suis engagé à partager les précieux enseignements obtenus auprès du FCE à tous les acteurs citoyens de la Commune de Faléa et à l’association ASFA 21. J’espère que  le Forum Civique va  poursuivre et renforcer son appui à notre association.  Cela nous permettra de nous mobiliser d’avantage, de nous organiser et d’agir de manière collective pour protéger la santé humaine et l’environnement des conséquences néfastes de l’extraction minière à Faléa et ailleurs .  

De nos jours, beaucoup de sources d’eau potable de la Commune de Faléa ont été contaminées à cause des produits chimiques utilisées par les sociétés minières lors des opérations de carottage et d’extraction . Les conséquences dans l’avenir seront tragiques pour les populations qui seront confrontées à d’innombrables maladies.

La rivière Falémé souffre d’une grave pollution  à cause de l’exploitation artisanale et industrielle de l’or. Des machines comme les cracheurs, les pelles mécaniques, les dragues utilisent des procédés d’extraction avec une forte utilisation du mercure et du cyanure qui sont déversées dans le lit du Falémé depuis de plusieurs années, menaçant l’existence de toutes les communautés riveraines du côté du Mali, mais aussi du Sénégal, de la République de Guinée et de la Mauritanie puisque le Falémé est un affluent du fleuve Sénégal. Le mercure cause d’énormes dégâts sur l’environnement et la santé des populations : des cas d’hypertension artérielle, de tremblements des membres, de troubles de la parole, de la vue, de lésions du système nerveux, de maladies cardiaques sont très nombreux dans la Commune de Faléa et dans le Cercle de Keniéba.

Devant l’imminence de la catastrophe, ASFA 21 se mobilise avec d’autres partenaires au Sénégal, en République de Guinée et en Mauritanie pour protéger le Falémé.

La Convention de non-utilisation de produits chimiques (mercure et cyanure) a été signée en 2017 par tous les acteurs citoyens, les leaders communautaires, les services techniques de l’Etat, les décideurs politiques et institutionnels du Mali. Si cette mesure est effectivement appliquée, elle permettra de sauver des milliers de vies humaines, protéger l’environnement et l’écologique de la région     

Amara Nouhoum Keita . 

Le 30 octobre 2018