Enfin, la longue bataille de ASFA 21, des élus, des populations de la Commune Rurale de Faléa et du Cercle de Keniéba engagée en 2021 a payé. Le Bac automoteur de franchissement de la Falémé est en voie d’être remis à l’eau.
Depuis fin décembre 2021, il avait coulé dans le lit du fleuve entravant du coup l’accès au territoire communal ainsi que les activités de circulation, d’échange et de référence/évacuation sanitaire vers le centre de santé de référence de Keniéba ou d’autres établissements de prise en charge sanitaire à plus haut plateau technique.
L’accident est survenu au cours d’une opération de transfert d’une plate-forme transportant un bulldozer de la société minière I AM Gold basée à Brekegny (non loin du village de Siribaya). En effet, les capacités du bac d’une vingtaine de tonnes ne permettaient pas de faire traverser l’imposante mastodonte. Malgré les manœuvres du conducteur pour ajuster la charge et tenir l’équilibre, le bac a coulé à pic dans le fleuve et est resté plusieurs semaines sans en être extrait.
Sitôt informée de la nouvelle, l’ONG ASFA 21, sur les instructions de son Président le Professeur Many Camara, s’est mobilisée à travers l’envoi d’une mission de terrain à Faléa et à Keniéba conduite par le Directeur Exécutif Nouhoum Keita. La mission a eu un échange avec le maire-adjoint de Faléa Mallé Camara, puis avec le Maire de la Commune Rurale de Keniéba Moussa Camara et la Présidente du Conseil de Cercle Mme Bagagha Fatimata Camara. La mission a été informée des actions menées par la Présidente du Conseil de Cercle ainsi que le Maire de Keniéba auprès de la société B2Gold qu’ils avaient sollicité afin de tirer le bac hors de l’eau et procéder à sa réparation. Malgré ces efforts immenses et coordonnés des élus et de ASFA 21, la réaction des autorités n’avait pas permis d’avoir des résultats immédiats même si elles avaient dépêché une mission d’évaluation de la Société INACOM.
Devant cette situation, ASFA 21 à travers un courrier officiel a saisi le Ministre de l’Equipement et des Transports et procédé à une large campagne d’information et de mobilisation de l’opinion publique. Sans doute, malgré la lenteur de la réaction, les autorités ont pris les taureaux par les cornes.
Il faut souligner que cette action salvatrice de l’ONG ASFA 21 a été fortement appuyée par les élus du Cercle et de la Commune Rurale de Faléa à travers des missions de plaidoyer à Bamako auprès des autorités administratives et politiques, des élus et des décideurs politiques et institutionnels. Cette action rappelle la longue bataille qu’elle avait menée il y’a cinq années auparavant. En effet, en vue de réaliser le désenclavement de certaines localités et parties de notre pays, le Gouvernement de la République du Mali (sous le régime du Président Amadou Toumani Touré) a engagé un programme d’équipement en bacs de franchissement de cours d’eau.
C’est ainsi qu’à l’issue de la session ordinaire du conseil des ministres tenue le mercredi 2 mars 2005, il a approuvé la construction de trois (3) bacs automoteurs dont un (1) bac de 40 tonnes pour la ville de Koulikoro et deux (2) bacs de 20 tonnes chacun destinés aux localités de Diafarabé dans le cercle de Teninkou et Faléa dans le cercle de Keniéba. Le marché fut attribué, par entente directe, à la Société INACOM-Mali pour un montant de 1 milliards 63 millions de FCFA environ et un délai d’exécution de dix mois.
Fort malheureusement pour les populations de la commune rurale de Faléa et du cercle de Keniéba, depuis son adjudication en 2005 à la Société INACOM-Mali, le délai de livraison du bac automoteur n’a jamais été respecté. Le bac de franchissement était immobilisé dans la Cour du Service des Travaux Publics du chef-lieu du Cercle de Keniéba depuis plusieurs années.
La raison évoquée pour justifier l’immobilisation du Bac était l’absence de budget pour l’aménagement de la voie d’accès et du quai d’accostage. Il faut préciser que l’aménagement comportait la construction de dalots, l’adoucissement des pentes élevées, l’ouverture de chaussées, la construction de radiers car l’état de la route Keniéba -Fadougou était extrêmement dégradé avec notamment des nids de poules, des ravinements, des grands lits d’écoulement d’eaux pluviales, des bourbiers, des têtes de chat.
Devant cette situation déplorable, les ressortissants de la Commune Rurale de Faléa sous le leadership du Professeur Many Camara et le Maire de la Commune Rurale de Faléa Mallé Camara ont adressé des courriers à plusieurs hautes autorités compétentes du Mali (Ministre de l’Equipement et des Transports, Ministre des Finances, Ministre de l’Administration Territoriale et Premier Ministre) pour attirer leur attention sur ce retard incompréhensible et inacceptable pour les populations des 21 villages de la Commune Rurale de Faléa, collectivité territoriale la plus isolée de notre pays, coupée du reste du territoire national, tous les ans, durant la saison des pluies (huit mois, en cette zone soudano-guinéenne), par la crue du fleuve Falémé. ASFA 21 et l’ensemble des acteurs du développement local de la Commune Rurale de Faléa ont regretté le fait que, depuis 2005, la Direction Nationale des Routes n’ait pas tenu régulièrement au courant de l’évolution du dossier la municipalité, les populations Faléa et l’opinion nationale, car l’une des tâches premières et fondamentales des pouvoirs publics consiste dans l’information permanente et complète, par toutes les voies appropriées, des usagers des services publics et de tous les autres citoyens. Ensuite, ASFA 21 a noté que la recommandation d’inscription au Budget Spécial d’ Investissement 2014 de l’aménagement de la voie d’accès aurait dû être faite par le Ministère de l’Equipement et des Transports au Gouvernement Malien depuis 2006 pour répondre aux préoccupations des populations et aux priorités du développement local de la commune la plus enclavée de notre pays.
Suite à la forte pression de ASFA 21 et les incessantes interpellations du Cabinet du Ministre de l’Equipement et des Transports, la Direction Nationales des Routes a recommandé l’inscription des Travaux d’aménagement de la voie d’accès et du quai dans le Budget Spécial d’Investissement 2014. Mais curieusement elle a renoncé par la suite à cette option.
Sur insistance pressante de ASFA 21, une mission nationale de la Direction Nationale des Routes a fait un nouveau devis au cours de l’année 2014, montant encore très élevé de 414.549.375 FCFA qui comprend l’achèvement des travaux pour la mise à l’eau et en service du bac d’une part, et d’autre part, le budget global pour la réalisation de l’ensemble des travaux y compris la réfection du tronçon de la RN2 jusqu’à la frontière avec la Guinée. Par la suite, cette somme a été revue à la baisse soit 306.574.000FCFA. Il faut noter que toutes ces discussions entre ASFA 21, le Département des Transports et des Travaux publics, la Commission des Transports et des Travaux Publics de l’Assemblée Nationale ont eu lieu au mois de Mai, c’est-à-dire à l’approche de la saison des pluies, donc face à une crue imminente du fleuve Falémé. Le Ministre des Transports et des Travaux Publics de l’époque Hachim Koumaré nouvellement nommé a alors fait mobiliser la Cellule d’exécution des travaux d’urgence (CETRU) de son département afin d’éviter une suspension des travaux de réfection de la RN2 depuis la Falémé jusqu’à la frontière Mali-Guinée et passant par Faléa, chef-lieu de la Commune. C’est ainsi que tous les travaux (montage du bac, aménagement de la voie d’accès au fleuve et du quai-bac, rénovation du tronçon de la route nationale menant à la frontière Mali-Guinée) furent réalisés à temps.
Il faut noter que la bonne écoute obtenue par la délégation de ASFA 21 et des populations de la Commune Rurale de Faléa auprès des élus de la Commission de l’Habitat, des Transports et des Travaux publics de l’Assemblée Nationale du Mali (le mardi 15 avril 2014), l’implication personnelle et l’engagement constant du Chef de la Subdivision des Routes de Keniéba Mme Aiché Fofana, de celui du Vice-Président du Conseil de Cercle Cheick Oumar Camara, la grande disponibilité du Ministre Hachim Koumaré qui a fait un suivi régulier des travaux, ont permis de faire aboutir en 2015 ce projet vital pour les populations de la Commune Rurale de Faléa et du Cercle de Keniéba qui ont unanimement salué sa mise en l’eau.
L’annonce de sa réparation imminente après trois années de calvaire pour les populations, constitue incontestablement une victoire pour ASFA 21, les acteurs citoyens de la Commune Rurale de Faléa et du Cercle de Keniéba, mais aussi de tous les élus qui ont œuvré sans relâche pour faire aboutir cette demande légitime et vitale.
Amara Nouhoum Keita