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La rivière Falémé, principal affluent du »fleuve Sénégal , est de plus en plus polluée par l’orpaillage illégal. Face à la situation, les populations des 21 villages de la Commune Rurale de Faléa, regroupées au sein de l’association Action Solidarité Faléa (ASFA 21) ont commandité une étude scientifique pour mesurer l’ampleur de cette pollution de la Falémé et alerté l’opinion.
L’obstruction, l’envasement et la déviation des cours d’eau dus à l’érosion des berges, le drainage des boues des cracheurs et les rejets des dragues. L’utilisation des produits chimiques, des huiles de vidange, carburant et autres liquides pour le fonctionnement ou l’entretien des machines. La Falémé est «absolument» menacée par la pollution. L’Ingénieur des Eaux et Forêts, Guimba Diallo, est ferme là-dessus. Dans l’étude, commandée par l’association « Action Solidarité pour les 21 villages de Falèa (ASFA21) et publiée en mars 2018, sous le titre «Rapport d’étude sur les différentes sources de pollution de la Falémé et de ses affluents dans les communes de Dabia, Faléa, Faraba et Kéniéba (dans le Cercle de Kéniéba)», le consultant note que l’orpaillage et les produits chimiques sont les principales sources de pollution de la Falémé.
Dans le Cercle de Kéniéba, l’orpaillage constitue la principale source de revenu des populations. Depuis 2013, le phénomène s’est accentué par l’arrivée des orpailleurs étrangers avec des produits chimiques, hautement toxiques, dont le mercure et le cyanure. Par le mécanisme de l’extraction, les dagues en général et celles à godets en particulier rejettent d’énormes quantités de matériaux qui forment des monticules et des ilots dans le lit des cours d’eau. Pendant la saison sèche, tous les orpailleurs se tournent vers la Falémé. Pour mener l’étude, l’enquêteur a effectué des prélèvements à plusieurs endroits de la Falémé. Aussi des eaux de forages ont été prélevées dans des villages environnants notamment à Diaka, Trondolito, Faléa, Djoulafoundo et dans un puits à Diaby.
Les résultats sont inquiétants dans plusieurs localités: à Yalla, la coloration de l’eau atteint 90 200 Platino-cobalt (Pt-Co) alors que la norme au Mali est de 25 Pt-Co; dans la même localité, l’Alcalinité de l’eau est de 427,53 Mg/l alors qu’elle doit être inférieure à 150 Mg/l; à Mahinamine, la quantité de fer détectée dans l’eau est sept fois et demie supérieure à la normale.
«La présence de ces métaux dans notre organisme est très grave», Aly Thiam hydro-sédimentologue
Aujourd’hui, on estime à 600 dragues dans la seule commune de Kéniéba. Le Chef de service de l’Assainissement de la localité affirme avoir compté, une fois, 63 dragues sur une distance de 530 m. Ici, ce n’est les nuisances sonores qui inquiètent le plus les populations mais la pollution de l’eau. Faute de poissons, les pêcheurs ont tronqué leurs instruments contre les outils d’orpailleurs. Ils ne sont pas les seules victimes de cette pollution. Dans le village de Moussala, les maraîchers ont renoncé à l’utilisation de l’eau de la Falémé, rapporte le consultant.
L’arsenic, le cuivre, le fer, le plomb, le mercure, l’alcalin,… constituent, selon Aly Thiam, Chef de Section Sédimentologie du Laboratoire National des Eaux du Mali, des métaux lourds. «La présence de ces métaux dans notre organisme est très grave. Car, ces métaux sont capables de causer de graves problèmes de santé en interférant avec le fonctionnement biologique initial», s’inquiète l’hydro-sédimentologue. A fortes concentrations dans le corps, les métaux lourds remplacent ou substituent, explique-t-il, les minéraux essentiels; ils ont un effet antibiotique, ce qui augmente la résistance des bactéries; ils neutralisent aussi les acides aminés utilisés pour la détoxication et causent des allergies.
«La Falémé est un bien commun, il faut une solution commune et novatrice», Nouhoum Keita, directeur exécutif de l’ASFA21
Pour la protection des cours d’eau, le ministre malien des Mines a édicté une circulaire pour l’interdiction des dragues sur les cours d’eau. La mesure pourtant diffusée sur la télévision nationale et les radios de proximité est très peu suivie d’effets sur le terrain. Pour Nouhoum Keita, directeur exécutif de l’ASFA 21, ce n’est pas en interdisant aux orpailleurs maliens d’exercer que le problème sera durablement résolu. «La Falémé, indique-t-il, est un bien commun, il faut une solution commune et novatrice». Pour une réponse commune, le militant associatif évoque une collaboration avec une ONG sénégalaise, HYPERLINK « https://www.onglumiere.org/ »La Lumière. Aussi, Keita indique un partenariat avec la coopération allemande au Mali à travers le PAGIE/GIZ Mali pour l’insertion de nouvelles méthodes d’extraction artisanal de l’or au Mali sans utilisation de produits chimiques mais à l’aide de « concentrateurs à spirales ».
En plus de ses mesures, Guimba Diallo préconise des solutions locales. Pour le consultant, il faut: créer un cadre de concertation animé par un membre de la société civile et renforcer les capacités des acteurs locaux. Aussi, l’ingénieur des Eaux et Forêts conseille la création de centres de lavage des minerais. La fréquentation de ces centres, indique-t-il, permettra l’utilisation contrôlée des produits chimiques et une gestion plus rationnelle des eaux usées. Ces centres serviront également de lieux de diffusion de techniques d’extraction de l’or sans utiliser des produits chimiques.
Un texte de Mamadou Togola pour https://www.scidev.net/afrique-sub-saharienne/
Par Keita Amara Nouhoum
En vue de renforcer leur partenariat, l’association ASFA 21 et le Forum Civique Européen ont signé une convention dans le domaine de la formation, afin de permettre à une nouvelle génération d’adhérents de ASFA 21, de compléter leurs connaissances pour contribuer à renforcer l’action de ASFA 21, ses impacts et pérenniser la coopération internationale.
En tant que jeune adhérent de l’association, j’ai manifesté le désir d’effectuer auprès du Forum Civique Européen, un séjour de découverte et de formation pratique de trois mois. Cela a permis de me rendre dans de nombreuses Coopératives en France, Allemagne et Suisse. J’ai beaucoup appris dans l’informatique surtout en travaillant avec des programmes libres comme Debian. J’ai découvert la différence entre les logiciels (programmes) propriétaires – il faut payer des licences à des multinationales comme Microsoft – et les logiciels ou programmes libres. Au lieu de me former sur des logiciels comme Word de Microsoft j’ai pu découvrir LIBRE OFFICE. Une autre découverte dans le domaine de l’informatique a été le programme Thunderbird. Il permet d’envoyer des messages chiffrés et sécurisés à d’autres destinataires. Ceci peut empêcher ou rendre plus difficile le contrôle par des appareils répressifs qui sont presque toujours au service des puissances d’argent qui veulent mettre le monde en coupe réglée. J’ai aussi acquis, à travers la lecture, une meilleure compréhension comment la monnaie est devenue un instrument de domination grâce aux trois brochures « La face cachée de la monnaie Numéro 1» Numéro 2, Numéro 3, réalisées entre autre pas Hannes LAMMLER.
Le Forum Civique Européen (FCE) est un partenaire important pour l’association ASFA 21 et la population de la Commune Rurale de Faléa qui a lutté avec succès contre l’ouverture de la premiere mine d’uranium du Mali . Le FCE contribue à la formation des jeunes en proposant des options concrètes et originales aux jeunes afin qu’ils puissent prendre la relève dans un avenir proche.
Mon séjour en Europe m’a aussi permis de découvrir les Coopératives Européennes de LONGOMAI. J’ai pu profiter de leurs expériences et découvrir de nouvelles réalités. J’ai beaucoup appris durant mon séjour. L’esprit associatif, le travail collectif, l’engagement militant sont très importants dans ces Coopératives . C’est une forme de résistance qui m’a inspiré.
Je me suis engagé à partager les précieux enseignements obtenus auprès du FCE à tous les acteurs citoyens de la Commune de Faléa et à l’association ASFA 21. J’espère que le Forum Civique va poursuivre et renforcer son appui à notre association. Cela nous permettra de nous mobiliser d’avantage, de nous organiser et d’agir de manière collective pour protéger la santé humaine et l’environnement des conséquences néfastes de l’extraction minière à Faléa et ailleurs .
De nos jours, beaucoup de sources d’eau potable de la Commune de Faléa ont été contaminées à cause des produits chimiques utilisées par les sociétés minières lors des opérations de carottage et d’extraction . Les conséquences dans l’avenir seront tragiques pour les populations qui seront confrontées à d’innombrables maladies.
La rivière Falémé souffre d’une grave pollution à cause de l’exploitation artisanale et industrielle de l’or. Des machines comme les cracheurs, les pelles mécaniques, les dragues utilisent des procédés d’extraction avec une forte utilisation du mercure et du cyanure qui sont déversées dans le lit du Falémé depuis de plusieurs années, menaçant l’existence de toutes les communautés riveraines du côté du Mali, mais aussi du Sénégal, de la République de Guinée et de la Mauritanie puisque le Falémé est un affluent du fleuve Sénégal. Le mercure cause d’énormes dégâts sur l’environnement et la santé des populations : des cas d’hypertension artérielle, de tremblements des membres, de troubles de la parole, de la vue, de lésions du système nerveux, de maladies cardiaques sont très nombreux dans la Commune de Faléa et dans le Cercle de Keniéba.
Devant l’imminence de la catastrophe, ASFA 21 se mobilise avec d’autres partenaires au Sénégal, en République de Guinée et en Mauritanie pour protéger le Falémé.
La Convention de non-utilisation de produits chimiques (mercure et cyanure) a été signée en 2017 par tous les acteurs citoyens, les leaders communautaires, les services techniques de l’Etat, les décideurs politiques et institutionnels du Mali. Si cette mesure est effectivement appliquée, elle permettra de sauver des milliers de vies humaines, protéger l’environnement et l’écologique de la région
Amara Nouhoum Keita .
Le 30 octobre 2018
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Sommaire
pour comprendre la situation en Afrique et au Mali en particulier il est utile de donner la voix à des Africains. Les redacteurs du site Falea vous proposent de regarder ce montage filmique. Il n’est pas l’expression de l’opinion de la rédaction du site Falea mais il mérite d’être porté à la connaissance des ami/es de la commune de Falea.
Juste en dessous vous trouverez une interview vidéo d’Aziz Salmone Fall, realisateur du montage filmique, membre fondateur du Groupe de Recherche et d’Initiative pour la Libération de l’Afrique (GRILA*) Entretien réalisé le 28 mars 2015 au Forum Social Mondial de Tunis, par le reporter Mikaël Alberca Doulson.
*plus d’infos sur GRILA.
Le nucléaire fournit 27% de l’électricité produite dans l’UE mais la majorité des centrales sont en passe d’atteindre leur limite d’âge. 88 unités de production ont été retirées et devront être démantelées, pour un coût d’au moins 1 Md€ pièce.
Lire l’article d’Agnès Sinaï , paru dans actu-environnment.com, le 16 décembre 2014
Quelques photos de Faléa… Si vous souhaitez télécharger ces photos, utiliser les vignettes sous le diaporama, cliquez pour agrandir, puis glisser sur votre bureau.
Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer, mais le village de Faléa sans mine d’uranium… c’est encourageant.
«C’est le désert complet en matière de protection des populations de la radioactivité», expliquait en 2012 à France Culture Many Camara, professeur de sociologie, originaire de la commune de Faléa au Mali. Les lourdes machines de la firme canadienne Rockgate Capital Corp avaient pourtant déjà réalisé plus de 150 forages dans cette région reculée du pays, à la suite d’un mandat d’exploration de l’uranium délivré en 2007 par le gouvernement malien. L’association des habitants et des amis de Faléa (ARACF), que préside Many Camara, craignait que les populations soient déjà exposées aux rayonnements cancérigènes et avait pu constater des contaminations aux produits chimiques sur plusieurs sites. Aujourd’hui c’est le soulagement. La société qui a depuis racheté Rockgate, Denison Mines, canadienne elle aussi, s’est retirée du site à la fin 2014.
Que s’est-il passé?
A ce stade, aucune information précise n’a filtré. Mais deux éléments ont sans doute pesé. D’un côté, les cours de l’uranium se sont effondrés depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon en 2011. L’arrêt complet des réacteurs japonais pour une durée indéterminée a fait progressivement chuter les prix de la matière radioactive.
D’autre part, la résistance des habitants de la région, favorisée par le travail d’organisation de l’ARACF, s’est révélée gênante, autant pour l’entreprise minière que pour le gouvernement malien. Les initiatives citoyennes se sont rapidement multipliées. Avec l’aide du Forum civique européen, le laboratoire associatif français de recherche sur la radioactivité CRIIRAD a été sollicité pour établir une cartographie des niveaux de radioactivité dans la région. La Ville de Genève a notamment financé ce projet qui nécessitait l’achat de compteurs Geiger de mesure de la radioactivité.
Le but de l’ARACF était aussi d’informer la population des conséquences potentielles de l’établissement de mines d’uranium à Faléa: accaparement de terres, contamination de l’air, des sols et de l’eau, destruction de la flore et de la faune, épuisement des ressources en eau, leucémies et cancers, etc. Une radio communautaire locale a vu le jour dans ce but, avec l’aide financière du canton de Genève cette fois, pour un volet formation et traduction dans les quatre langues locales.
L’ARACF a aussi organisé une assemblée des maires et des chefs coutumiers de la région, qui, à l’issue de leur rencontre, ont signé un mémorandum demandant au gouvernement malien de retirer les concessions d’explorations.
Informer les villageois s’avérait d’autant plus cruciale qu’une «fenêtre démocratique» allait s’ouvrir avant que les premiers sites d’uranium puissent être exploités, indiquait Many Camara: une consultation publique devait être tenue en vertu des lois maliennes. «Informés sur l’impact de l’uranium sur leurs vies, les habitants ne se seraient pas laissé bernés par les promesses d’emploi, de désenclavement et de développement de la région». Parallèlement, en 2011, des eurodéputés se sont rendus en visite à Faléa et ont rencontré à Bamako le président malien Amadou Toumani Touré. Ce dernier leur aurait promis de stopper le projet avant de se dédire par la suite. Par ailleurs, une conférence internationale sur l’uranium a été mise sur pied par les milieux antinucléaires en 2012 à Bamako.
L’ARACF, elle, ne se contentait pas de lutter contre les rayonnements radioactifs. Depuis 2001, elle aide les résidents de Faléa à améliorer leur quotidien. Comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, le gouvernement malien a récemment débloqué le dossier du bac automoteur qui permettra de traverser la rivière à la saison des pluies, et ainsi désenclaver la région. L’association a aussi pu mettre à disposition de la commune un véhicule 4×4 pour les évacuations sanitaires et a lancé un projet pilote de développement de la filière bambou.
Les villageois devront toutefois rester vigilants face l’éventualité d’une reprise de l’exploration minière le jour où les prix de l’uranium prendront l’ascenseur. Mais Hannes Lämmler, du Forum civique européen, se montre confiant: «Il ne se passera rien dans les prochaines années. Il y a une surcapacité de production d’uranium dans le monde. Quatre cents vieilles centrales devront être démantelées dans les vingt prochaines années. Le nucléaire n’en a pas finit de poser problème.»
Christophe Koessler
Article paru dans le Courrier (sans images) le 13 janvier 2015